[Tech] Comment je choisis la transmission de mon futur gravel d’aventure

Une réflexion personnelle sur les choix de groupes pour les voyages à vélo sur terrain mixte
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plateaux et cassettes shimano et un vélo de gravier flou en arrière-plan

Choisir le bon groupe pour un vélo gravel ne se résume pas à la performance — il faut surtout qu’il soit adapté à la réalité du voyage. Pour les cyclistes qui partent en itinérance sur terrain varié, la transmission doit faire bien plus que simplement changer les vitesses. Elle doit être fiable, réparable en autonomie, et suffisamment polyvalente pour gérer les montées raides, les bagages lourds et les longues portions rapides sur route. C’est là que les vraies questions commencent : Mécanique ou électronique ? 1x ou 2x ? Grimpeur ou rouleur ?

Transmission mécanique ou électronique ?

Les groupes électroniques sont réputés pour leur rapidité, leur précision et leur fiabilité. Avec des autonomies de 60 heures ou plus, on pourrait penser qu’ils sont adaptés à de longues aventures en autonomie. Mais voyons les avantages et les inconvénients plus en détail.

Transmission mécanique

Avantages :

  • Réparable sur le terrain : câbles, gaines et dérailleurs peuvent être remplacés avec des outils basiques.
  • Pas besoin de batterie : pas de recharge, pas de panne électrique.
  • Moins coûteux : achat et entretien généralement plus abordables.
  • Robuste par mauvais temps : fonctionne bien dans la boue, le sable, la pluie et le froid.

Inconvénients :

  • Allongement et usure des câbles : nécessite un réglage régulier.
  • Sensible à la saleté : l’eau ou la poussière peuvent perturber le passage des vitesses.
  • Moins précis sur le long terme : sensation de changement plus « flou » après de longues distances.

Transmission électronique

Avantages :

  • Changement net et constant : aucun besoin de réglage, pas d’usure des câbles.
  • Personnalisable : multi-shift, synchronisation automatique, réglage de la vitesse de changement.
  • Peu d’entretien : une fois réglé, ça fonctionne.
  • Esthétique épurée : moins de câbles, look plus propre.

Inconvénients :

  • Dépendance à la batterie : si elle se vide au milieu des Andes, c’est compliqué…
  • Réparations complexes : pièces et outils spécifiques nécessaires.
  • Prix élevé : achat et pièces de rechange coûteux.
  • Sensibilité au froid : les batteries se déchargent plus vite par basse température.

En résumé pour le voyage à vélo

  • Expéditions en autonomie complète → Mécanique
  • Voyages gravel de plusieurs semaines → Plutôt mécanique
  • Bikepacking de week-end avec assistance → Les deux conviennent
  • Voyages rapides et organisés → L’électronique peut valoir le coup

Mon choix

La décision n’était pas facile. Mais en voyage, la réparabilité et la gestion de l’énergie sont des priorités. Même avec une autonomie de 60 heures, c’est une chose de plus à gérer. Et si je suis seul avec une batterie presque vide : je la garde pour le GPS, le téléphone… ou la transmission ? Je choisis donc une transmission mécanique.

1x12 ou 2x12 : quel est le mieux pour le voyage à vélo ?

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groupes shimano

Dans l’univers du gravel, la tendance est clairement au 1x. Mais est-ce vraiment adapté à une pratique itinérante et chargée ?

Transmission 1x (un plateau)

Avantages :

  • Simplicité : un seul levier, moins de câbles, moins de risques de panne.
  • Peu d’entretien : pas de dérailleur avant, moins de réglages.
  • Plus léger : pas de deuxième plateau ni de manette gauche.
  • Intuitif : idéal quand on est fatigué ou dans le technique.

Inconvénients :

  • Plage de développement limitée : souvent on doit choisir entre grimper ou aller vite.
  • Grands écarts entre les vitesses : difficile de maintenir une cadence régulière.
  • Usure accrue de la chaîne due à l’angle extrême sur les grands pignons.

Transmission 2x (double plateau)

Avantages :

  • Large plage de vitesses : pour monter des cols chargés ou rouler vite sur route.
  • Petits écarts entre les vitesses : meilleure gestion de la cadence.
  • Plus de flexibilité : adaptée à tous types de terrain.

Inconvénients :

  • Plus complexe : deux manettes, plus de câbles, plus de réglages.
  • Légèrement plus lourd.
  • Réglage du dérailleur avant parfois délicat, surtout en voyage.

Travel & Adventure Context

Type de voyageRecommandationRemarque
Bikepacking ultraléger1xMoins de pièces, plus simple
Tour du monde ou très long2xPlage de vitesses plus large
Sorties week-end sur terrain mixte1x ou 2xÀ adapter selon le profil du terrain
Voyage en montagne avec bagages2x (ou 1x + grande cassette)Le plus petit développement est crucial

Mon choix

Je suis sensible à la cadence et je roule souvent chargé. 12 vitesses, c’est trop peu. J’ai toujours utilisé un dérailleur avant (mon vieux route a un triple). Je choisis donc un 2x12.

Trouver l’équilibre : développement court vs vitesse max

Le compromis

On a besoin de développements courts pour :

  • Les montées raides (surtout en tout-terrain)
  • Un vélo chargé
  • Les longues ascensions
  • Le vent de face

Et de développements longs pour :

  • Les longues sections plates
  • Les transitions sur route
  • Maintenir une bonne vitesse de croisière

Dans la réalité, les parcours sont souvent mixtes. Il faut donc trouver un compromis. Beaucoup de bikepackers préfèrent un développement court, même si cela limite la vitesse de pointe – mieux vaut pédaler lentement que pousser son vélo.

Mais utiliser la même configuration pour une aventure sous la tente en Corse et un voyage en famille dans un hôtel aux Pays-Bas n'est pas idéal. Existe-t-il une solution ?

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La navigation Garmin au guidon d'un vélo affiche un profil de pente
Gravel Col de Marcheruz' sur un vélo lourd et une configuration pour le plat. Pas idéal.

Un système modulaire pour adapter sa transmission

Changer de cassette et de plateaux prend environ 30 minutes. Et si on fait ça… autant changer la chaîne aussi. Voilà comment je compte adapter ma transmission selon les conditions :

Configuration montagne

  • Plateaux : 46/30T
  • Cassette : 11–36T

Configuration plat/pays bas

  • Plateaux : 50/34T
  • Cassette : 11–34T

Configuration polyvalente

  • Plateaux : 48/31T
  • Cassette : 11–36T

Comparatif : développement (*) et vitesse (**)

ConfigurationRapport le plus courtRapport le plus long
Montagne1.75 m → 9.45 km/h8.78 m → 47.45 km/h
Plat2.10 m → 11.34 km/h9.55 m → 51.57 km/h
Polyvalente1.81 m → 9.77 km/h9.16 m → 49.49 km/h

(*) Mètres parcourus par tour de pédale avec des pneus 700×38c (circonférence de roue : 2,1 m)
(**) Vitesse à 90 tours par minute (tr/min)

Pourquoi pas SRAM ?

Peut-être vous demandez-vous pourquoi je ne parle pas de SRAM. Simple : à ce jour, SRAM n’a pas de groupe gravel mécanique en 2x12. Leurs groupes AXS sont excellents, mais 100 % électroniques. Et le groupe Rival 22 (mécanique) est limité à 11 vitesses et plus orienté route. Pour une solution moderne, mécanique et fiable sur le terrain, Shimano GRX RX820 reste sans équivalent.

Conclusion

Le meilleur choix dépend de nombreux facteurs : le type de terrain, la charge, votre forme, votre style de pédalage. J’ai roulé la configuration route (50/34 + 11–34) dans les montagnes avec des sacoches – c’était limite sur les côtes à plus de 10 %. Mon choix : GRX RX820, 2x12, mécanique – avec 48/31 et 11–36. Et si un jour je veux aller plus vite… je saurai quoi changer.